Pour le maintien du Théâtre de l'Ouest Parisien

LETTRE OUVERTE AU MAIRE DE BOULOGNE-BILLANCOURT POUR LE MAINTIEN DU THEÂTRE DE L'OUEST PARISIEN 

    Monsieur le Maire,

 

    Nous avons appris par la presse, le 1er avril dernier, que les restrictions budgétaires menaçaient le Théâtre de l’Ouest Parisien. Le conseil municipal du 2 avril l’a confirmé.  

    Ce conseil aurait dû voter le budget nécessaire à la modernisation de la salle, que les Boulonnais attendent depuis longtemps.
Il aurait également dû renouveler, au terme d’une procédure régulièrement lancée l’an dernier, le mandat du directeur, Olivier Meyer, pour les cinq prochaines années.

    En n’inscrivant pas au budget 2015 des crédits de paiement pourtant votés à l’unanimité en 2013, en réduisant de 25% la subvention de fonctionnement et en interrompant, sans vote, le renouvellement de la délégation de service public, la municipalité a mis le directeur du TOP dans une situation inacceptable.
Considérant qu’il s’agit d’une rupture radicale avec le projet initial de la ville pour lequel il avait candidaté, et que ces dispositions compromettent l’avenir, l’activité et l’ambition artistique du TOP, Olivier Meyer a refusé la prorogation d’un an qui lui était présentée, et a décidé d’arrêter sa gestion le 30 juin prochain, à l’échéance de son actuel contrat.
De plus, la municipalité ayant refusé de reprendre la gestion du théâtre en régie, l’équipe se trouve congédiée, le TOP sera bel et bien fermé la saison prochaine.  

 

    Monsieur le Maire, nous sommes fiers de la vie culturelle de notre ville.
La municipalité a eu à cœur de faire de la culture un bien commun, en soutenant les initiatives même les plus humbles tout en permettant au Conseil Général de réaliser l’ambitieux projet de la cité musicale sur l’Ile Seguin. Vous avez cédé 2,35 hectares de terrain pour un euro symbolique afin de porter ce dernier projet. Un gros effort, consenti par les électeurs et contribuables de Boulogne-Billancourt, qui vous ont renouvelé leur confiance l’année dernière.

   Nous ne pouvons pas comprendre, aujourd’hui, cette mesure adoptée sans aucune concertation, ni en assemblée lors du débat d’orientations budgétaires, ni surtout avec les Boulonnais.
Pour nous le théâtre est une nécessité, et le TOP un sujet de fierté !

    Fort de 110 représentations et de nombreuses créations chaque saison, le TOP s’est forgé en dix ans une forte identité artistique. Il propose une programmation populaire et exigeante, alternant répertoire classique et contemporain, artistes connus et talents dignes d’être découverts, grâce au savoir-faire d’une équipe professionnelle, dans un cadre budgétaire strict.

    Le TOP s’accorde aux réalités de l’époque : dans un contexte de crise où tout est important, où tout est nécessaire, et où tout est menacé, l’âge d’or du financement public est révolu.
Or le TOP, théâtre public, s’il reste majoritairement financé par la collectivité, est géré par une société de droit privé, à ses risques et périls. Il se distingue par une part non négligeable d’autofinancement. Ces fonds propres émanent de son excellent taux de remplissage, et de son activité de création, de production et de diffusion des spectacles.
Moyennant quoi, ses comptes sont en excédent, et son directeur avait accepté de voir sa subvention réduite pour contribuer à l’effort budgétaire commun.
Se financer tout en contribuant au rayonnement culturel, n’est-ce pas une économie vertueuse de la création ?  

 

    Monsieur le Maire, la ville mérite de garder son théâtre.
Cette culture n’est pas soluble dans la seule logique comptable, elle procède aussi d’une alchimie humaine, et ce qui est défait est défait. On ne peut pas congédier toute une équipe de professionnels, soumettre le théâtre à un retour à meilleure fortune et espérer retrouver, après le déluge, une qualité intacte.

    Un théâtre n’est pas n’importe quel lieu, le fermer n’est pas un acte anodin.

    Le théâtre est consubstantiel à la citoyenneté, il est politique et antidogmatique, et dans les anciennes cités, il fallait un théâtre comme il fallait des lois. La représentation est une interaction, qui pose question à juste distance pour permettre à la communauté de se divertir, de réfléchir et de réagir. C’est la scène qui fait l’éternité des pièces, réinterprétées de siècle en siècle par l’air du temps, en écho perpétuel avec l’actualité des hommes. D’où l’importance de la création de nouveaux textes et de nouvelles mises en scènes. D’où l’importance d’y attirer le jeune public, et l’on sait combien les lycéens fréquentent le TOP !    
     Le théâtre est un espace éthique, où, par la chair et par la voix, acteurs et spectateurs sont saisis et portés à une expérience singulière, de part et d’autre de la rampe. Cette expérience-là, nous l’avons tous vécue, et nous refusons de voir notre ville couper la parole à Jorge Semprun, à Saint-Augustin, à la statue du Commandeur et à tant d’autres.  

 

     Monsieur le Maire, les mesures budgétaires expéditives reflètent d’abord une crise exécutive.
    Contribuables et citoyens, nous revendiquons le droit d’être consultés sur la fermeture du Théâtre de l’Ouest Parisien, notre unique théâtre.
    Boulogne-Billancourt mérite de garder un lieu qui lui ressemble, qui répond à la perte des repères de notre société actuelle, et qui représente un modèle culturel viable alliant l’exigence artistique, la faveur du public, et la rigueur de la gestion.


Collectif pour le maintien du TOP    Contacter l'auteur de la pétition