Je marche pour la Culture

Benjamin Locher

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2014-02-28 10:38

La vie culturelle telle qu'elle existe en France, louée de partout, et qui est une exception en Europe, ne peut se passer des intermittents qui lui permettent d'exister concrètement pour le public et pour les retombées économiques.
Les intermittents ont besoin des indemnités chômage telles qu'elles existent à l'heure actuelle pour vivre. Si ils en sont privés, ils seront nombreux à se tourner vers d'autres métiers. De nombreuses structures devront fermer, les tissus culturels locaux seront les plus affectés. L'offre diminuera, la plus-value économique aussi.

Le statut d'intermittent n'est pas un statut privilégié. Pour une majorité d'intermittent, il s'agit d'un statut précaire. La solidarité interprofessionnelle que constitue ce système d'indemnisation sert à compenser les variations de salaire, inévitables dans ces métiers instables par nature. Elle permet aussi, notamment pour les artistes, de prendre en compte le travail de préparation très important qu'ils effectuent en amont des productions proprement dites (répétitions, travail artistique de fond, entretien technique, apprentissage de partitions, des rôles, des chorégraphies, souvent également prospection et promotion professionnelle…la liste n'est pas exhaustive), travail énorme qui n 'est pas rémunéré et qui même bien souvent coûte de l'argent.
En somme, l'indemnisation permet de rendre leur existence possible.

Comme tout système, il est perfectible ; comme dans tout système, il existe des abus minoritaires qu'il faut sanctionner.
Mais imagine-t-on supprimer les droits d'autres corps de métiers sous prétexte que des abus existent - et ils sont nombreux ?
Il est hors de question que les intermittents soient les boucs émissaires de la crise, dont ils ne sont pas responsables.
Il est hors de question que la culture serve de variable d'ajustement à la crise.

Benjamin Locher